samedi 12 juillet 2008

Convergence forcée

On le sait tous, l'économie et l'environnement ne font souvent pas bon ménage. L'illustration la plus parlante de cette phrase est le refus par les Etats-Unis de ratifier le protocole de Kyoto, prévoyant une réduction substancielle des gaz à effet de serre, sous le prétexte que cela nuirait à l'économie américaine... Bon en fait ce qui nuit à l'économie américaine, c'est son propre fonctionnement et surtout son système financier, mais passons.

Dans un contexte où on s'inquiète de plus en plus de la raréfaction des matières premières et donc de leur coût, le premier étant arrivé dans la mare étant le pétrole, les autres arrivant ensuite, notamment les métaux, il sembleraient que quelques industries commence à regarder le recyclage d'une autre façon. Ce recyclage qui est quand même le fer de lance des écologistes, qui reprennent finalement assez justement la célèbre phrase de Lavoisier : Rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme. Là où les grands groupes nous disent que rien ne se crée (pourquoi innover quand l'actuel rapporte autant ?), rien ne se perd (on récupère tout le pognon), tout se consomme (donc, se détruit).

Je disais donc, dans ce contexte, quelques entreprises naissent ou s'améliorent dans le but de fournir un recyclage de qualité et surtout économique et efficace. L'une d'elle s'appelle RECUPYL.

Cette société, créée en 1993 et basée sur la région grenobloise, avait pour objectif initial le retraitement des piles usagées et des batteries utilisées par exemple dans les téléphones ou ordinateurs portables. Les produits qu'on y trouve sont non seulement coûteux mais aussi très toxiques et doivent être traités convenablement. Mais il ne s'agit pas ici que de traitement, mais aussi de valorisation de ces produits, permettant la récupération de nombreux composants, comme le cobalt par exemple, et en "neutralisant les métaux lourds et les solvants contenus dans ces batteries".

Mais cette société ne s'arrête pas là, elle s'est aussi attaquée à d'autres composants de notre confort et de nos loisirs qui contiennent nombre de composants recyclables et sur lesquels elle sait être très efficace, par exemple les écrans à cristaux liquides, les écrans à tube cathodique, et, chose inattendue, les résidus d'épuration de fumés d'incinération d'ordures ménagères. Ben oui on y pense pas assez mais quand on parle d'incinération de déchets, imagine-t-on un instant la fumée de ces incinérations partir dans la nature ? Le mal serait encore pire.

Et surtout, là où je veux en venir, c'est que d'ici peu, si ce n'est déjà fait, les grands groupes finiront bien par s'y intéresser, le transport étant amené à l'avenir à être de plus en plus coûteux, pouvoir recycler des matières premières sur place et avoir moins à les faire voyager rendra le recyclage plus attractif et les recycleurs deviendront tout à coup les meilleurs amis des industriels.

Ce qui est juste triste dans tout ça, c'est que c'est la peur du porte-monnaie vide qui fait réagir les gens, pas la crainte de tous mourir à 60 ans (voire moins) d'un cancer parce que notre atmosphère aura été polluée au point de non retour (qu'on a peut-être déjà atteint, allez savoir).

Je me rappelle une citation d'un commentaire sur un blog américain : "Tell the people their full gas tank kills ten trees and it's no big deal. But tell them it costs an additionnal 25¢ per gallon and it's the biggest deal in the world."

En français dans le texte : "dites aux gens que leur plein d'essence va tuer dix arbres, il n'y a pas de quoi en faire un fromage. Mais dites-leur que le gallon coûtera 25 cents de plus, et ça devient le plus gros fromage du monde".

Vous croyez qu'on en sortira un de ces jours ?

Pour terminer, voici la vidéo de présentation que RECUPYL met sur son site.









Pour aller sur leur site, cliquez sur leur logo un peu plus haut dans l'article.
Je me demande s'ils organisent des visites, histoire d'y faire un petit reportage (bon je dis ça comme ça hein, je me doute que c'est pas gagné).

Bravo à eux en tous cas, et pour paraphraser Giscard : "On a pas de matières premières, mais on a des idées". Espérons juste que ces idées continueront à fleurir et qu'elle seront viables économiquement, il serait triste de voir de telles entreprises disparaître "parce que c'est pas rentable".