mardi 19 mai 2009

T'es un français, t'es vache à lait.

La perle radiophonique du jour.

Aujourd'hui, les producteurs de lait étaient dans la rue, devant des usines de gros industriels, du genre Nestlé, Danone ou autre afin de dénoncer l'exploitation dont ils font l'objet, qui ne profite même pas au consommateur au final.

Petit résumé : en 2007 et 2008, le lait a connu une forte hausse de prix à la production, rendant les producteurs évidemment un peu plus heureux, les consommateurs un peu moins car forcément ça grimpe pour eux (pour nous en fait, je suis moi-même gros consommateur de produits laitiers). A présent, ça retombe très fort : -30% en quelques mois, retrouvant à peu de choses près son cours d'il y a deux ans.

"Normal", me direz-vous, après la bulle immobilière, il fallait bien que la bulle laitière éclate elle-aussi. Sauf que....

Sauf qu'elle n'a pas éclaté pour tout le monde. Le producteur se retrouve à nouveau pressé comme un citron, plus ou moins forcé de vendre son lait un prix dérisoire à un industriel qui, s'il prétend négocier, a évidemment un tel pouvoir d'écrasement que le producteur n'a pas d'autre choix que de s'aligner sur les exigences de son client.

Là où il y a problème, c'est que dans les étals, on ne perçoit absolument aucun signe de ces baisses des cours à l'achat. Le lait en supermarché est toujours aussi cher.

On va encore taper sur la grande distribution qui profite là d'un effet d'aubaine et qui ne va pas manquer l'occasion d'aller titiller l'industriel pour tirer une part du gâteau (nul doute que c'est déjà fait).
Mais il y a aussi un autre intermédiaire, le fameux industriel.

Jean-Pierre Pernaut aurait bien voulu consacrer le 13h tout entier aux producteurs de la Beauce, des années qu'il en rêvait, mais la Direction de TF1, déjà mise à mal sur le plan des recettes publicitaires, n'allait certainement pas passer un quelconque reportage susceptible de ternir l'image de Danone, Nestlé ou autres... et maintenant Carrefour. Du temps où la publicité télé pour les enseignes de distribution étaient interdites, on pouvait taper dessus à fond. Maintenant, c'est carpette.

D'autres JT ont eux beaucoup donné la parole aux pauvres agriculteurs et aux citoyens qui "comprennent le mouvement" (normal, on ne bloque pas les rues, les bureaux de tabac ni les universités).

RMC a décidé de donner du coup la parole à l'autre partie : un représentant des industriels.

Et là, je dois rendre hommage à l'excellence du journaliste qui a très bien fait son travail, les Laurence Ferrarri et autre Pujadas peuvent en prendre de la graine, eux les spécialistes de l'interview cire-pompes.

Voici donc la retranscription intégrale de l'interview, j'écoutais ça ce matin en voiture, j'avais l'impression d'halluciner. Le gars reconnaît publiquement que nous, consommateurs français, servons à renflouer les caisses mal remplies de nos multinationales qui font des bourdes à l'étranger. Le journaliste a bien réussi à coincer le bonhomme qui n'a pas su s'en dépêtrer et qui a du se faire littéralement atomiser la tête par ceux qu'il représente.

Du grand art. Ca dure 6 minutes et c'est vraiment savoureux.