mercredi 9 mai 2007

La pub radio la plus con du moment.

Allez, une petite analyse de pub bien débile comme la radio sait si bien nous en pondre.

On entend au début un bruit de téléphone que l'on décroche, entendu depuis l'appelant. Un petit "clic", quoi. Puis une voix à l'autre bout du fil :

"Si ?"

On comprend tout de suite qu'il s'agit d'un espagnol ou d'un portugais, un truc du genre, n'importe quelle langue où "Si" signifie "Oui".

L'appelant, que l'on entend très distinctement lui, dit à ce moment-là :

"Señor Palédir ?"

A l'écoute de cette phrase, on devine immédiatement que celui qui appelle, lui, n'est ni espagnol, ni portugais, ni d'aucun pays où "Si" signifie "Oui". C'est du bon vieil espagnol de vache anglaise comme seul un français peut le prononcer. Bref un accent de chiotte.

L'autre, à Ibiza : "Si ?"

Le picard : "José Palédir ?"

Le madrilène : "Si ?"

A ce stade de la pub notre barcelonais se dit qu'il est encore tombé sur un de ces petits jeunes payé une bouchée de pain pour lui refourguer une véranda alors qu'il habite un appartement, une assurance quelconque ou un abonnement forcé chez Neuf Télécom (voir le message à ce sujet, à venir). Il n'en est rien et la conversation va prendre fin après la phrase magnifique de notre parisien :

"Ben faut le dire, mon vieux, y'a pas de problème". Et on entend en fond trois ou quatre voix qui se marrent genre "haha, le con, on l'a bien eu."

Alors, vous savez comment fonctionne n'importe quelle campagne de publicité :

1 - on crée le besoin
2 - on fait connaître le produit qui correspond au besoin
3 - on matraque le nom de la marque pour être sûr qu'on oublie pas.

Vous venez d'assister la l'étape 1.

Oui, je sais, c'est assez subtil, de créer le besoin avec un canular téléphonique de niveau école primaire. Il faut croire qu'il y a en France assez de crétins à ressentir suffisament le besoin d'emmerder le monde entier (car il s'agit là de dépasser les frontières) pour se dire à cet instant de la pub : "AARGH, mais oui j'ai vraiment envie d'aller faire chier un maçon portugais avec une vanne à la con, viiite, mais quel produit me permet de faire ça ?".

L'étape 2 de notre campagne de pub commence ici :

Une voix off prend le relais alors que les rires des abrutis continuent en s'estompant, le tout prend quelques secondes :

"Avec Club-Internet, vous pouvez téléphoner gratuitement vers les fixes de 41 pays. Appelez le 3xxx pour connaître les conditions, bla bla bla..."

Ahhh, l'auditeur crétin est maintenant soulagé, il sait qu'avec Club-Internet il va pouvoir faire des blagues idiotes qui feraient honte à ses gosses, sans débourser un rond (hormis l'abonnement et toutes les options qu'ils lui auront refourgué au passage), au milieu de ses copains, tout aussi cons pour apprécier autant ce type de plaisanterie.

Je fais une petite parenthèse pour donner une astuce aux enfants d'abonnés Club-Internet : dites à vos camarades de classe que vous êtes chez AOL, vous choperez moins la honte, c'est dire. Fin de la parenthèse.

Etape 3 : pour être sûr qu'on oublie pas quelle marque nous propose de nous comporter comme des gamins de 8 ans : "Avec Club-Internet, vous êtes en bonne main". T'as raison mon con. Remarquez, vu le niveau de l'abonné, il vaut mieux qu'il soit en de bonnes mains. Je suggère la curatelle pour cause de bêtise abyssale.

Je ne résiste pas au plaisir de vous narrer rapido la variante de cette pub. Oui parce que pour le prix que Club-Int a du débourser pour obtenir un tel bijou de connerie ils pouvaient bien en avoir une deuxième en bonus.

"Allo, monsieur Dissoire ?"
"Oui."
"Alain Dissoire ?"
"Oui."
"Ben en fait je peux pas, le lundi soir j'ai piscine (rires)".

Le texte est authentique.

Je vous laisse quelques secondes le temps de vous remettre de vos émotions. Je vous avais prévenu.

On imagine le brainstorming dans l'agence payée par Club-Int pour concevoir et diffuser une pub aussi affligeante :

"Bon les gars, y'a Club-Internet qui nous demande d'imaginer un spot pour promouvoir leur service de téléphonie internationale, j'attends vos idées".

A cet instant de la discussion, on assiste bien à un gros blanc de 5 ou 10 minutes, on sent que c'est sur le mot "idées" que les gars bloquent, c'est un mot qu'ils ne connaissent pas, on les voit tous plongés dans le Petit Robert pour savoir ce que ça veut dire.

Après 4 heures de broyage testiculaire au cours duquel n'a jailli aucune idée, hormis "quelqu'un veut du café ?" ou encore "Si y'a pas de téléphone portable à gagner personne voudra acheter le produit", des banalités de ce genre, un gamin de 10 ans que sa maman la secrétaire a du amener au boulot parce qu'il a pas classe commence à raconter à sa mère une blague débile qu'il a faite au téléphone y'a 2 ans (y'a prescription, la mère pourra pas l'engueuler) et il raconte à l'assistance qui l'écoute religieusement "Bah, ça détendra toujours". Et le gamin enchaîne :

J'appelle le boucher et je lui dis : "Bonjour Monsieur, vous avez des pieds de porc ?"
"Oui"
"Ca doit être gênant pour marcher, hahaha [clic]"

Le gamin en rigole un peu, sa mère rougit de honte "faites pas attention, c'est qu'un enfant", et là, on imagine le regard illuminé du directeur de communication qui se dit "Ce gamin est génial, il fera un bon publicitaire plus tard, comme moi" (pauvre môme, il est mal parti dans la vie).

Le dirlo se lève : "J'ai trouvé ! Avec le téléphone gratis on peut appeler l'étranger et faire des blagues à la con, ça coûte rien".

Toute la tablée, qui en a ras le cul d'être assise là à glander dit d'un air complaisant "ouais, super patron". En fait ils sont tous dépités mais faute de mieux, ça fera l'affaire et surtout ça mettra fin à cette réunion merdique, et comme c'est le patron qui a dit "J'ai trouvé", si la pub se ramasse, au moins ils se feront pas engueuler (quoique...).

Vous l'avez donc compris : les pubs radio de Club-Internet sont suggérées par un môme de 10 ans.

Ah, je termine avec un peu de technique (hééé partez pas c'est super intéressant, en plus y'a des filles à poil après) :

Pour rester sur Club-Internet, on notera déjà le contraste entre le niveau de la pub radio et la pub TV. Enfin, je dis contraste, si on veut : la pub radio vise clairement à faire passer l'abonné et l'agence de pub pour des crétins, et y arrive merveilleusement bien, ce qui est une combinaison idéale pour être certain que jamais personne ne s'abonnera suite à cette pub. La pub télé, elle, sert aussi à faire passer l'abonné pour un crétin et met en scène les deux Einstein de carnaval, habillés par le tailleur de Ségolène Royal, qui sont nés soit à Tchernobyl soit à Menton (06500), et donc Heckle et Jeckle viennent t'expliquer à quel point c'est facile d'enregistrer Drucker le dimanche après-midi qui brosse son invité dans le sens du poil. Cette pub démontre surtout qu'il faut avoir fait math spé comme les deux, là, les Pierrafeu, pour faire marcher ce truc, y'a qu'eux, Tom et Jerry, qui y arrivent.

J'en viens au côté technique, car les deux lascars, Titi et Gros Minet, insistent à chaque pub pour expliquer que la transmission de la télé utilise le "système exclusif MicrosoftTV©TM®".

Je sais pas ce que vous en pensez mais je trouve que Club-Int devrait masquer cet aspect technique plutôt que le mettre en avant. En effet, si les mots "exclusif" et "Microsoft" vont plutôt bien ensemble, le terme "exclusif" signifie surtout "verrouillé à mort vous ne pourrez jamais rien en faire". N'espérez par exemple pas graver sur un DVD le reportage sur la politique commerciale de la Corée du Sud que vous avez enregistré à 2h du matin sur Arte l'autre jour, la vidéo est emprisonnée dans la boîte et n'en sortira jamais, même les deux là, Momo et Ursul, y arriveront pas.

En même temps, le gogo qui s'abonne à Club-Int, aussi bien après avoir vu la pub TV avec Pif et Hercule, qu'après avoir écouté la pub radio, n'a forcément pas le niveau pour regarder un documentaire sur Arte. Ca serait plutôt "Star Académy", "Combien ça coûte" et "Video Gag".

En résumé, vive Club-Internet, vive les jumeaux Tic et Tac, et surtout vivement qu'ils soient rachetés (y'avait des rumeurs fut un temps), que le niveau de leur pub remonte un peu (mais juste un peu alors).


BONUS : une autre variante de la pub, en audio cette fois, pour que vous imaginiez encore mieux le niveau (si c'est Dieu possible) :



Hmmm j'avais pas oublié un truc ? Ah si, la femme à poil.
Merci qui ?

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